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Mes Interviews Culinaires: Michel et Augustin !

Catégorie : InterviewReportage

Voici la nouvelle « Interview Culinaire ». Avec cette fois, les »trublions du goût », Michel et Augustin. Michel était surchargé de travail, c’est donc Augustin qui a eu la gentillesse de prendre du temps pour répondre aux questions exclusives de la « Cuisine de Bernard ». Mais j’ai cependant réussi à les prendre en photo ensemble! Si vous ne les connaissez pas encore en France, alors cela ne va pas tarder et je vous invite à découvrir leurs nombreux et délicieux produits. En bonus, vous aurez même à la fin de l’interview, la recette de leurs cookies…

Bernard: Quel est votre parcours personnel et comment ce parcours vous a amené à créer votre entreprise?

Augustin: J’ai toujours eu un tempérament créatif et entrepreneur. Et j’aime bien passer d’une idée complètement conceptuelle à une réalité concrète. Mais j’ai également une sensibilité de consommateur, assez forte et assez particulière. En permanence j’analyse mes besoins et la réponse que le marché global apporte à mes besoins. Et j’ai d’ailleurs un petit cahier, qui s’appelle « petit chasseur de papillons », dans lequel je note tous les décalages que j’ai entre ce dont j’ai envie et ce que le marché m’offre. J’avais un ressenti de consommateur fort quand je faisais mes courses rue du Poteau, au Franprix ou Monoprix. Les marques que l’on me proposait dans un supermarché, les marques alimentaires, étaient souvent des marques pour lesquelles je n’avais pas d’affect, parce que c’était des personnages inventés ou des personnages historiques que l’on faisait sortir des placards. J’ai passé un CAP de pâtissier boulanger à la Mairie de Paris et quand je fais des biscuits le weekend chez moi, j’utilise des ingrédients que tout le monde a dans sa cuisine. 
Ce CAP a-t’il été suivi dans le but de créer une entreprise?

Non, pas du tout. J’avais déjà créé une boite auparavant, dans les nouvelles technologies, qui a été revendue à des Américains. Je n’avais donc aucun rapport avec la nourriture. J’étais déjà gourmand, mais après cette première expérience entrepreneuriale, et avec ce CAP en candidat libre, je voulais avant tout apprendre un métier de mes dix doigts, apprendre un métier manuel. J’avais une formation d’école de commerce qui était assez abstraite, et je voulais apprendre un vrai métier. Quand on sort d’une école de commerce, on n’a pas de vrai métier. Tu as des copains qui sont avocats, médecins, chauffeurs de bus. Je n’avais pas de métier auparavant, et là j’avais un métier de pâtissier boulanger. Mais finalement, je suis parti dans une autre direction, au service marketing d’Air France, ce qui montre que je n’avais pas de but avec ce CAP. D’ailleurs, entre parenthèses, on fait un vol-test cette semaine (mars 2011), avec cette compagnie, sur Los Angeles, avec des « Vaches à Boire » en Première et en Affaires. J’ai fait donc deux ans chez Air France, dans le service marketing « Europe ». Après cela, j’ai pris une année sabbatique pour créer le « Guide des Boulangeries de Paris ». On avait visité les 1263 boulangeries parisiennes pour noter la qualité du décor, du service, du pain et de la viennoiserie. On a également réalisé une enquête sur les dix restaurants « trois étoiles » parisiens. On avait rencontré Guy Martin, Guy Savoy et tout le monde. Voilà, rien n’est calculé dans mon parcours, mais tout s’explique. Si je n’avais pas passé mon CAP de boulangerie, peut être que je n’aurais pas eu l’idée de « Michel et Augustin ». C’est en vivant à travers ces expériences et ces idées, que mon parcours s’est fait tout seul. 
Pensez-vous qu’il y a une raison particulière qui explique le succès foudroyant de votre marque par rapport à d’autres? 

Je ne sais pas si on peut parler de succès, mais en tout cas, ce que j’apprécie dans ce que l’on fait, c’est la démarche de sincérité dans laquelle on est. Aujourd’hui, on ne fait pas tout bien, mais tout ce qu’on fait, on le fait avec passion, engagement et sincérité. Mais au départ, on voulait proposer une marque différente, qui soit une histoire vraie, partagée avec les consommateurs. Dans la construction même de la marque. On n’a pas créé une marque, car ne n’est pas un nom inventé. C’est juste deux prénoms de deux potes de lycée, et on va construire une aventure humaine, gourmande, joyeuse avec des produits sains, les plus naturels possible. Je pense que c’est la sincérité, le côté positif et la joie de vivre. Après, évidemment, les gens achètent pour la marque, et les gens rachètent si la qualité est là. Donc on fait très attention, c’est notre priorité absolue depuis le départ, et aujourd’hui on commence à être à un bon niveau. Le but est vraiment d’avoir des produits de top qualité, qui se vendent dans les supermarchés. 
Vous êtes-vous inspiré au départ, de la marque américaine « Ben&Jerry’s »? On peut noter quelques similarités dans la communication et faire le rapprochement avec votre marque. 

Évidemment, mais là en fait, j’ai aussi une démarche très sincère. Sans « Ben&Jerry’s », je n’aurais sans doute pas eu l’idée de monter une marque alimentaire. Sans eux, je n’aurais pas monté « Michel et Augustin » telle que la marque existe aujourd’hui, mais depuis le jour où j’ai décidé de lancer notre marque, « Ben&Jerry’s » ne m’intéressent plus, même si j’aime leurs produits et que je peux consommer leurs glaces. Je ne m’appelle pas Jerry, et Michel ne s’appelle pas Ben. Nous ne sommes pas des hippies dans les années soixante aux États-Unis, et on a des modèles économiques et même des produits, très différents. Donc je suis très fier d’être un disciple de « Ben&Jerry’s », mais on a créé un univers qui n’a plus rien à voir avec le leur. Les valeurs de la marque sont les mêmes, mais l’histoire que nous avons vécue, n’est pas la même, et nous ne sommes tout simplement pas « Ben&Jerry’s ». 
En lisant les paquets de vos produits, on peut lire que l’on peut proposer des recettes de cuisine. Beaucoup de personnes en ont-elles envoyé et si oui, ont-elles abouti à quelque chose?

Alors la réponse est oui, on a beaucoup de gens qui envoient des recettes, surtout aux portes ouvertes de la Bananeraie, chaque premier jeudi du mois à 19h00. Mais non, il n’y a pas de recette qui a été directement prise sur des consommateurs. Par contre, il y a beaucoup de consommateurs qui nous font des remontées d’informations sur les produits, positives et négatives. On intègre le maximum de critiques négatives, mais aujourd’hui il n’y a pas un produit dans son intégralité, issu d’une personne extérieure. Par contre, on vient de sortir les « cookies pâtissiers très très bons », et une personne nous a envoyé la semaine dernière un mail, pour une recette de cookie à la pistache. On va tester la recette d’un vrai cookie pâtissier à la pistache, car cela m’amuse et m’intrigue. Je pense qu’il y a un truc à faire, c’est original. Si on le sort, on la remerciera, mais voilà, pour l’instant il n’y a pas de produit issu dans la totalité par un consommateur. 
On voit que, toujours derrière ces mêmes paquets, il y a la liste des ingrédients, expliquée de façon à ressembler à une recette. Avez-vous entendu parler de personnes qui se sont lancées dans ces recettes, qui ont réussi, ou qui au contraire vous disent « je n’y arrive pas, cela ne ressemble pas à ce que vous faites! »?

Non car évidemment ce n’est pas la recette exacte. Mais si l’on va sur le cookie, il y a la vraie recette. Tous les ingrédients, tous les grammages sont les vrais (voir la recette plus bas!), donc on peut refaire les mêmes chez soi, et on reçoit des photos de gens qui refont exactement les mêmes chez eux. 
Pour la recette des « sablés ronds et bons », combien de livres de cuisine ont été lus, combien de recettes ont été testées? Et comment finalement s’est déroulée la réalisation de cette délicieuse recette?

Le mythe dit 400 recettes, des dizaines de bouquins. Mais le pire est que je pense qu’on en était pas loin. On a beaucoup lu, et d’ailleurs au bout d’un moment, c’était un peu l’usine à gaz. Ce que je trouve intéressant, c’est que si l’on tape « recette de sablé » sur internet, il y a 50.000 recettes différentes, à la fois en terme d’ingrédients, de poids d’ingrédients et de processus de fabrication. Il y a l’émulsion, le sablage. Il y a les gens qui mettent les jaunes, d’autres qui n’en mettent pas. Bref, il y a toutes les techniques possibles. Donc effectivement au départ, on s’est lancé pour devenir les experts mondiaux de la pâte sablée! On a fait des centaines d’essais. Savoir si on en a fait 432 exactement, ça  je n’en sais rien, mais en a fait beaucoup beaucoup! Puis honnêtement au bout d’un moment on était tellement paumé, qu’on a dit « ok celle là est bien, on l’adore, on la garde, on arrête de se prendre la tête ». On s’est arrêté parce qu’il fallait choisir et se décider. 
Y-a t’il justement eu des ratages? Non pas parce que la recette n’était pas bonne, mais parce qu’elle ne convenait pas à une production industrielle? 
Non. Pour moi l’industriel, je l’avais déjà vécu avec toutes les étapes, de ma cuisine de boulangerie, avec biscuiterie artisanale et maintenant jusqu’à une biscuiterie en milieu industriel. Ce qui compte, dans le milieu industriel, ce sont deux choses. C’est d’une part la qualité de la matière première. On utilise du beurre et non pas de l’huile de palme, ou de la margarine. La margarine, c’est 1€ le kilo, le beurre, c’est 4€. On fait attention à cela. Et d’autre part, on respecte le processus de fabrication, le temps nécessaire pour que le produit repose, soit pétri etc… Ce ne sont  pas les outils qui matraquent les produits au niveau industriel, c’est la qualité de la matière première. Donc si on met des bons produits au départ, on a des bons produits à la fin. 
Où sont réalisés tous les produits de votre marque?
Tous les produits sont fabriqués en France. On a six usines aujourd’hui un peu partout en France. Il y en a en Seine et Marne, deux en Bretagne, une dans les Bouches du Rhône, une autre près de Toulouse. Mais la première était mon four! Puis ensuite deux boulangers. Le premier, Arnaud Delmontel au 39, rue des Martyrs. Ensuite rue Daval à Bastille, chez Jean Christophe Lepot, chez qui j’ai fait mon apprentissage. Nous avons également loué une biscuiterie à Sablé-sur-Sarthe. On y allait le weekend faire nos biscuits à la main! Puis ensuite à Saint-Ouen, Strasbourg et maintenant dans le sud de la France. 
Vous venez de sortir « Le livre de nos chouettes recettes encore secrètes ». Mais avez-vous toujours l’intention de sortir un nouveau palmarès des boulangeries et pâtisseries?
Pour l’instant c’est en stand by, car il faut bien que l’on travaille pour vivre, et on ne peut pas vivre que de ses passions. Même si on a réussi à trouver une passion qui est en même temps un vrai business économique dans le bon sens du terme. Mais oui, j’ai envie de me replonger dans  la boulangerie, car j’avais acquis un vrai savoir,  une vraie connaissance du milieu, qu’on n’a pas du tout mis au profit de nos consommateurs. Et aujourd’hui, je vais essayer de ramener un peu l’univers de la boulangerie, les bons plans gourmands à Paris, tout cela pour les gens qui suivent ce que l’on fait. 
Vous avez dit lors d’une interview: « nous ne nous reconnaissons pas dans les biscuits de tradition ». Mais je trouve qu’il y a un vrai paradoxe entre ce qui est dit, et le gâteau que vous vendez, qui est pourtant un vrai biscuit de tradition,  dans un emballage différent et avec un marketing propre à votre marque.
Les recettes ‘pavot-vanille’ ou ‘tout chocolat’, sont un peu moins traditionnelles que les autres. Après, soyons clairs, le sablé n’est pas une recette innovante. Notre sablé est globalement très bon, mais ce n’est pas la révolution dans l’alimentaire en terme de tradition. La démarche d’avoir une marque souriante engagée, sincère, était l’idée de départ, qu’on a exprimé par des biscuits, parce que c’était simple à faire chez soi. Même si la gamme de sablé marche bien aujourd’hui, ce n’est pas ce qui tire la croissance. Ce qui fonctionne très bien aujourd’hui, c’est lorsque l’on est innovant. Comme le « yaourt un kilo » en format écologique et convivial. Ou bien la « vache à boire », les « petits carrés ». Il faut garder en tête que le consommateur veut de l’innovation. Donc plus le produit est gourmand, plus il est nouveau, plus il apporte quelque chose au marché, plus ça marche. 
Quelle est la prochaine étape de « Michel et Augustin »?
C’est de grossir en France. Puis ensuite aux États-Unis (note de Bernard: leurs produits sont sortis en mars 2011 dans quelques boutiques américaines), le Japon et la Russie. Mais l’idée est de devenir une marque de « food premium » internationale, avec la volonté de compléter l’offre alimentaire. Par exemple en ce moment, on teste un concept de textiles pour l’été. On fait plein de choses autour de la marque. Car notre vocation est de faire sourire la planète, que ce soit des produits sains, gourmands et naturels ou avec d’autres types de produits.
Augustin, vous cuisiniez donc, comme on l’a compris, avant de lancer votre marque. Mais qu’en était-il de Michel?
Nous n’étions pas des cinglés de bouffe. On était des gourmands, on aime bien cuisiner, mais après je ne vais pas dire que c’était ma passion depuis tout petit. J’étais très sportif, j’adorais voyager, j’avais plein de passions. De fait, maintenant, nous sommes devenus des passionnés. Je fais très peu de salé, mais beaucoup de sucré. Mes cours de pâtisseries, j’ai adoré. Mon CAP, j’ai adoré. Michel aussi cuisine, mais on ne vit pas que pour ça. Notre démarche est cependant très positive et optimiste, et cela s’exprime par des produits alimentaires. 

Pour finir, quel est le nom de la vache?

Il n’y en a pas! On trouvait que  lui donner un nom, c’était la banaliser. Donc elle n’a pas de nom et c’est ce qui la rend singulière!


Et voici la recette des cookies de Michel et Augustin!

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6 commentaires

Sébastien Rouard 17 avril 2011 - 18 h 16 min

Génial !! J'adore le ton de la recette !! LOL

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JK22 30 avril 2011 - 9 h 37 min

Bravo pour l'interview de ces deux "artistes": leurs produits sont délicieux et quel plaisir de lire leurs textes et de regarder les illustrations sur les boîtes: humour aussi raffiné que leurs gâteaux!!!
Nous les avons adopté sans hésitation.
Une question: où sont les deux usines en Bretagne?

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Nelly G. 28 décembre 2011 - 13 h 36 min

Merci pour cette interview qui m'a permis enfin de savoir si cette marque n'était qu'une "farce marketing" ou si vraiment Michel & Augustin existaient vraiment. J'aime beaucoup leurs produits et surtout le choix des ingrédients qui il est vrai est répercuté sur le prix mais personnellement je préfere 50g de biscuits avec des ingrédients naturels que 100 g avec des ingrédients de pietre qualité tels que l'huile de palme ! Le marketing est quant à lui séduisant et j'avoue que (un peu malgrè moi) j'y suis sensible.
Alors j'espere voir leurs produits lors d'un prochain voyage aux Etats unis car le concept et leur démarche sincère mérite de rencontrer de nouveaux succès hors de nos frontiéres !!

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Anonyme 21 mai 2013 - 11 h 48 min

Pourtant contrairement à ce qu'ils disent, il y a bien de l'huile de palme dans certains de leurs produits : cf. carrés au chocolat (l'étiquette fait mention de matière grasse végétale).

Le marketing est-il donc l'unique fondement de cette entreprise?

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Anonyme 30 août 2015 - 9 h 20 min

C'est une posture totale.
Ces deux mecs sont des commerciaux et pas du tout des gourmets culinaires.

Leurs produits sont juste mieux emballés que les autres et les gogos bobos de paris 14-17ème arrondissement adorent ça.

Pourquoi payer une soit disant délicieuse mousse au chocolat 5,5€ quand les memes produits sont utilisés que celle à 3euros? Ben pour le joli seau (évidemment recyclable.. haha)

En gros une marque pour débilous qui adorent être bien pensants et acheter ce qui semble qualitatif.

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Nicolas 23 novembre 2018 - 10 h 04 min

Bonjour,
Ces produits-là existent-ils encore? Je suis un grand fan de La Cuisine de Bernard et je viens de tomber sur cette interview… mais honnêtement je ne me rappelle pas avoir vu ces produits dans mon Leclerc!
Vous me direz 😉
Nicolas.

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La cuisine de Bernard
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